L’arrestation de Terry Holohan, le directeur général de Resolute Mining, et de plusieurs responsables de la société minière australienne au Mali, révèle l’insatisfaction croissante de la junte militaire au pouvoir à l’encontre des entreprises minières qui opèrent sur le territoire malien, à un moment où les autorités de transition mettent en pression une industrie minière que l’on peut estimer comme le pilier de l’économie nationale.
Le 8 novembre 2023, plusieurs cadres de la société minière Resolute Mining dont son directeur général sont appréhendés par des agents du service de sécurité malien dans un hôtel à Bamako, puis placés en garde à vue et interrogés dans le cadre d’une enquête ouverte contre eux pour faux présumés et atteinte à la propriété publique.
Les indications qui ont prescrit leur interpellation sont vagues, mais elles visent des irrégularités dans la gestion de l’or de la mine Syama assurée en majorité par Resolute. La société minière australienne refuse de répondre à la question des allégations portées contre ses agents alors même qu’elle vient récemment de subir une chute brutale de sa production en or dans le pays, ce qui, couplé aux tensions avec les autorités maliennes, a fragilisé le titre Resolute en bourse.
Les enjeux de l’affaire semblent multiples. D’une part, cette nouvelle affaire conduirait à corroborer la volonté de la junte malienne de s’approprier les ressources naturelles de l’économie nationale. L’or, dont la part est capitale parmi les produits d’exportation, est considéré par les autorités de transition comme un enjeu stratégique.
Par ailleurs, cette affaire soulève la question de la difficulté pour des sociétés minières étrangères d’évoluer dans un environnement politique instable et imprévisible. Les changements de régime au Mali sont fréquents, et l’instabilité du dialogue avec les communautés locales contribue à créer un climat d’insécurité juridique défavorable aux investisseurs.
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