Mine d’or : reprise de Yatela et Morila par l’État malien

Jules Boa
Jules Boa juillet 2, 2025
Updated 2025/07/02 at 1:40 PM

Le gouvernement malien a officiellement repris le contrôle des mines d’or de Yatela et Morila, deux sites emblématiques précédemment gérés par de grandes entreprises internationales. Cette décision marque un tournant stratégique dans la gestion des ressources naturelles du Mali, avec une orientation vers une nationalisation progressive du secteur minier.

Récupérer la gestion des ressources en or

Deuxième producteur d’or en Afrique après le Ghana, le Mali extrait environ 65 tonnes d’or chaque année, ce qui en fait un pilier économique majeur, représentant plus de 70 % des exportations du pays et environ 10 % de son PIB. Dans ce contexte, la réactivation de ces deux anciens sites souligne la volonté des autorités de reprendre le contrôle de l’exploitation aurifère, précédemment dominée par des intérêts étrangers.

La gestion du projet a été confiée à la Société de recherche et d’exploitation des ressources minérales du Mali (SEMOS), récemment fondée. Cependant, peu d’informations ont été divulguées concernant le montage financier, les partenaires techniques ou le modèle de relance envisagé.

Des mines fermées pour des raisons économiques et écologiques

Yatela, précédemment exploitée par AngloGold Ashanti et IAMGOLD, a mis fin à ses activités en 2016, en raison d’un manque de rentabilité malgré des réserves encore présentes.

Morila, après une brève période d’exploitation par l’entreprise australienne Firefinch, a finalement fermé en 2022. Ce site fait face à divers défis : pollution des sols, endettement, et tensions sociales locales. Le gouvernement parle de « réévaluation des actifs », mais la réouverture de ces mines constitue un défi économique et environnemental majeur.

Une stratégie régionale de reprise minière

L’initiative du Mali s’inscrit dans une tendance plus large observée au Sahel, où le Burkina Faso et le Niger mettent également en œuvre des réformes visant à réduire l’influence des intérêts occidentaux dans le secteur extractif. Ces pays privilégient désormais des alliances alternatives avec des partenaires comme la Russie ou la Turquie.

À Bamako, cela s’est concrétisé par une série de mesures :

  • Augmentation de la fiscalité minière
  • Révision unilatérale de certains contrats
  • Prise de contrôle de la mine Loulo-Gounkoto, auparavant exploitée par Barrick Gold
  • Ce bras de fer avec Barrick démontre la détermination des autorités à renforcer leur emprise sur les ressources stratégiques.

Un pari sur la hausse du prix de l’or

La stratégie malienne repose aussi sur un facteur conjoncturel : la flambée des prix de l’or. En pleine période d’instabilité géopolitique et de tensions commerciales mondiales, le prix de l’or atteint des sommets. Cette situation offre une opportunité d’augmenter rapidement les recettes publiques issues de l’or.

Mais relancer une mine, surtout face à des infrastructures vétustes et des incertitudes techniques, nécessite du temps, des ressources et du savoir-faire. Sans partenaires technologiques solides identifiés pour le moment, le défi reste de taille.

Vers un modèle minier nationalisé

Le Mali s’engage dans une transition vers un modèle d’exploitation axé sur la souveraineté nationale, avec une vision politique forte. Si cette démarche vise à reprendre le contrôle des richesses minières, elle doit également s’accompagner d’une gestion rigoureuse, transparente et durable pour convaincre les investisseurs et maximiser l’exploitation des ressources souterraines.

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