Décarbonisation, énergie verte, hydrogène, transition électrique… Selon une analyse récente publiée par le Policy Center for the New South (PCNS), le Maroc se démarque en Afrique par ses nombreuses initiatives et projets ambitieux visant à renforcer la transition énergétique sur le continent, à répondre aux besoins nationaux en énergie et à explorer de nouvelles voies d’approvisionnement.
Le document de politique « Naviguer dans la transition en période d’incertitude : D’un paradigme de sécurité énergétique à la sécurité électrique en Afrique du Nord », élaboré par Rim Berahab, Hamza Mjahed et Camélia Mahjoubi, a été élaboré en collaboration avec le PCNS et la Fondation RES4Africa, explore la trajectoire de la transition énergétique en Afrique du Nord à travers le prisme de la crise.
Ce document propose une analyse approfondie du concept de sécurité énergétique, qui est en constante évolution face à un paysage de gouvernance mondiale en mutation. Il formule des recommandations pour concilier la sécurité énergétique avec la transition énergétique. De plus, il préconise la création d’un consensus régional afin de garantir un avenir énergétique sûr, accessible et durable pour tous.
L’analyse met en lumière les effets considérables des récentes fluctuations des prix internationaux de l’énergie et des denrées alimentaires sur les pays d’Afrique du Nord. Cette situation s’explique par la diversité des structures commerciales de la région, qui englobent à la fois des pays exportateurs et importateurs de ces produits.
Ces fluctuations engendrent des chocs opposés en termes d’échange pour les pays de la région, selon leur position d’exportateurs ou d’importateurs de matières premières. Les pays exportateurs de pétrole, comme l’Algérie et la Libye, ont connu une amélioration significative de leurs termes de l’échange, tandis que les importateurs, tels que le Maroc et la Tunisie, ont subi une dégradation notable depuis mai 2020.
En moyenne, les exportateurs de pétrole de la région MENA ont enregistré des gains nets de termes de l’échange d’environ 6% du PIB au premier semestre 2022, tandis que les pertes pour les importateurs de pétrole se situaient autour de 0,5% du PIB sur la même période.
Cette situation a entraîné une augmentation des factures énergétiques et alimentaires pour les pays importateurs de matières premières d’Afrique du Nord, ce qui a conduit à un creusement de leurs déficits commerciaux en 2022, sous la pression des importations d’aliments et d’énergie. Le Maroc et la Tunisie ont enregistré des déficits commerciaux de -9% et -5% du PIB, respectivement, en 2022.
Le contexte actuel de la sécurité énergétique en Afrique du Nord exacerbe les dynamiques de compétition et de désintégration dans la région. Le projet de gazoduc Maroc-Nigeria, visant à intégrer les réseaux énergétiques de l’Afrique du Nord-Ouest, à répondre aux besoins énergétiques nationaux et à potentiellement approvisionner l’Europe, en est un exemple illustratif.
Les auteurs soulignent également que le Maroc est l’un des rares pays de la région à avoir élaboré et diffusé une feuille de route nationale pour l’hydrogène vert, ce qui le rend un acteur attraction sur un futur marché de l’hydrogène vert. En juin 2020, un accord a été signé avec l’Allemagne qui s’est engagée à fournir 38 millions d’euros pour la construction de la première usine d’hydrogène vert au Maroc et à permettre le commerce de GH2 dans les années à venir.
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