Dans le cadre d’une décision cruciale pour le secteur gazier en Afrique de l’Ouest, un tribunal arbitral a tranché en faveur de BP dans son différend avec Kosmos Energy au sujet du programme GTA (Grand Tortue Ahmeyim), un ambitieux projet gazier situé dans les eaux à quelques encablures des côtes sénégalaise et mauritanienne, appelé à devenir l’un des principaux gisements de gaz naturel liquéfié (GNL) au niveau régionale.
Au cœur du débat, la question de savoir si Kosmos Energy était autorisé à vendre du GNL à des tiers produit par le projet GTA, chose que BP, acheteur principal et opérateur du projet, rejette au motif que ce contrat au cœur de ses ambitions de transition énergétique a un enjeu stratégique. L’arbitrage conduit par la Chambre de commerce internationale a tranché en faveur de BP. La phrase de sentence rendue publique en [mois], interdit à Kosmos de commercialiser du GNL à d’autres acheteurs durant toute la période de l’accord, soit jusqu’en 2033.
Cette décision constitue un épisode stratégique à lever pour BP qui sécurise aussi son approvisionnement en GNL à long terme, nécessaire à sa transition énergétique, ayant ici pour mission de préparer le passage au renouvelable. En ce sens, le GNL, combustible fossile moins émetteur de gaz à effet de serre que le charbon ou le pétrole, est présenté par BP comme une source d’énergie transitoire.
En garantissant cet approvisionnement, BP consolide sa présence sur le marché où le GNL fait figure de combustible du futur alors que celui-ci croit à l’international. Kosmos Energy essuie une grande déception. S’étant donné tous les moyens pour diversifier ses clients dans un objectif de rentabilisation du projet GTA, Kosmos se voit contrainte de respecter le contrat. Pourtant, Kosmos a fait valoir que cette phrase n’affecte pas significativement ses perspectives financières à long terme.
Le projet GTA, dont le lancement est désormais imminent, devrait transformer le paysage énergétique de la région. Avec une capacité de production de 2,5 millions de tonnes de GNL par an, il renforcera l’attractivité de l’Afrique de l’Ouest comme nouvelle plaque tournante du gaz naturel. Cette décision a enfin pu être prise dans un contexte de tension accrue sur le marché mondial du GNL où la guerre en Ukraine a fait explosé les prix du gaz et la demande de GNL en particulier en Europe, les contrats de long terme (dont celui qui lie BP et Kosmos) prennent alors un sens stratégique bien plus fort.
La conclusion de cette opération qui clôt un chapitre de l’histoire du projet GTA, en même temps, amorce une nouvelle perspective. L’actualité du marché et les étapes à venir du projet seront désormais suivies de près par les acteurs de l’industrie gazière. Il s’agit en effet d’un premier pas dans la phase 1 du projet GTA. La suite du développement pourrait propulser sa production annuelle à 10 millions de tonnes.
