Dans un mouvement stratégique majeur pour l’industrie minière africaine, la compagnie émiratie International Resources Holding (IRH), basée à Abu Dhabi, a récemment acquis une participation majoritaire dans Alphamin Resources Corp. Cette société canadienne, cotée sur les marchés boursiers de Toronto et Johannesburg, exploite la mine d’étain de Bisie, l’un des gisements les plus riches au monde, situé à l’Est de la République démocratique du Congo.
Une transaction évaluée à 367 millions $ pour prendre le contrôle
IRH a conclu un accord définitif avec Tremont Master Holdings pour racheter 56 % du capital d’Alphamin. L’accord porte sur 718,99 millions d’actions, cédées au prix de 0,70 dollar canadien par action, pour une valeur totale de 503,29 millions CAD, soit environ 367 millions USD.
Ce rachat recompose complètement la structure actionnariale d’Alphamin. Tremont, acteur historique et principal actionnaire depuis plus de dix ans, passe le relais à IRH. Rob Still, président de Tremont, a salué une transition bien orchestrée, affirmant confier l’actif à un partenaire « engagé sur le long terme, partageant une vision commune du projet et de son impact régional ».
Alphamin : un atout stratégique sur la scène mondiale
Pour IRH, ce rachat fait partie d’une stratégie d’expansion ciblée dans les métaux essentiels au cœur des chaînes de valeur industrielles. Le directeur général, Ali Alrashdi, a mis en avant que les solides atouts d’Alphamin s’inscrivent parfaitement dans la stratégie du groupe, axée sur l’acquisition d’actifs à haut rendement et à fort potentiel de croissance.
La mine de Bisie s’est imposée comme un maillon essentiel de l’approvisionnement mondial en étain. Ce métal, indispensable dans la fabrication de circuits électroniques et de composants de soudure, est particulièrement prisé à l’heure de la numérisation mondiale.
Une production record… ralentie par l’instabilité sécuritaire
En 2024, Alphamin a atteint un jalon important avec une production record de 17 324 tonnes d’étain, marquant une augmentation impressionnante de 38 % par rapport à 2023. Cette performance a été rendue possible par l’entrée en fonction, en mai 2024, d’une nouvelle usine de traitement sur le site de Bisie.
La société visait initialement une production de 20 000 tonnes pour 2025. Cependant, la situation sécuritaire précaire dans la province du Nord-Kivu a contraint Alphamin à suspendre temporairement ses opérations en mars, en raison de la proximité de groupes rebelles. Un redémarrage progressif a été initié début avril, mais les prévisions annuelles ont été ajustées à la baisse, désormais fixées à 17 500 tonnes.
Des résultats financiers en nette progression
Malgré les tensions sur le terrain, Alphamin a réalisé une solide performance financière en 2024. Le prix moyen de vente de l’étain s’est établi à 30 345 dollars la tonne, contre 26 009 dollars l’année précédente. Ce contexte de prix favorables a permis à la société de quasiment doubler son EBITDA, qui atteint 274,1 millions USD, contre 135,5 millions en 2023.
Cette robustesse financière renforce l’attrait d’Alphamin pour IRH, qui parie sur la résilience du site et sa rentabilité à moyen terme.
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