Ghana : l’État  va prendre le contrôle du commerce de l’or 

Jules Boa
Jules Boa avril 16, 2025
Updated 2025/04/16 at 10:28 AM

À partir du 1er mai 2025, les ressortissants étrangers exerçant dans le domaine de l’or artisanal au Ghana devront cesser leurs activités. Cette mesure, annoncée par les autorités ghanéennes le 14 avril, s’inscrit dans une ambitieuse réforme visant à nationaliser le commerce de l’or et à réorganiser tout le secteur. L’objectif est de maximiser les revenus de l’État, de lutter contre la contrebande et de reprendre le contrôle sur une ressource stratégique.

Une nouvelle époque : création du Ghana Gold Board (GoldBod)

L’annonce a été faite par le Ghana Gold Board (GoldBod), une nouvelle instance publique créée dans le cadre de la Ghana Gold Board Act mise en vigueur le 2 avril 2025. Cette entité remplace désormais la Precious Minerals Marketing Company (PMMC) dans la supervision de l’or provenant de l’exploitation artisanale et à petite échelle.

Le GoldBod sera dorénavant le seul acteur habilité à acheter, vendre, analyser et exporter l’or produit par les mineurs artisanaux. Toutes les licences précédemment accordées à des opérateurs étrangers sont devenues nulles et non avenues. Les entreprises étrangères actuellement sur le marché devront mettre fin à leurs activités avant fin avril, sous peine de sanctions pénales.

Objectifs : traçabilité, recettes fiscales et souveraineté

Le Ghana, deuxième producteur d’or en Afrique après l’Afrique du Sud, veut reprendre en main une industrie lucrative mais morcelée, où les flux informels et les pertes fiscales sont courants. En 2024, le pays a exporté 11,64 milliards de dollars d’or, dont près de 5 milliards provenaient de l’exploitation artisanale légale.

Cependant, une grande partie du métal précieux circule encore par des canaux non officiels, échappant ainsi à toute taxation. En centralisant toutes les opérations autour du GoldBod, le gouvernement espère améliorer la traçabilité, endiguer la contrebande et augmenter les revenus de l’État. Selon le ministre des Finances, cette réforme devrait également renforcer la stabilité du cedi, la monnaie nationale, en augmentant les réserves d’or et en réduisant les sorties illicites de capitaux.

Une réforme aux répercussions géopolitiques

Cette décision s’inscrit dans un contexte régional où plusieurs pays, tels que le Mali, le Burkina Faso ou encore la Guinée, cherchent également à reprendre le contrôle de leurs ressources minières. Pour le Ghana, longtemps perçu comme un modèle de libéralisme économique en Afrique de l’Ouest, ce tournant marque un changement stratégique majeur.

Désormais, toute entreprise étrangère désirant continuer à opérer dans le commerce de l’or devra obtenir une autorisation spécifique du Ghana Gold Board. Les observateurs prévoient une vague de départs d’opérateurs asiatiques et libanais, historiquement très présents dans le secteur informel.

Share this Article
Leave a comment

Laisser un commentaire