Le Mali fait maintenant partie du groupe restreint de pays producteurs de lithium, un minéral clé de la transition énergétique. Le dimanche 15 décembre, Bamako a inauguré la première unité de production du lithium d’Afrique de l’Ouest, qui est la plus importante du continent. Située à Goulamina, à environ 150 km de Bamako, la mine de Goulamina était jusqu’ici présentée comme le plus grand gisement inexploité de lithium de la planète avec 52 millions de tonnes de minéraux prouvés assurant au moins 21 ans d’exploitation.
Dans la première phase, la production de spodumène minéral contenant du lithium, devrait atteindre 506 000 tonnes par an avant d’atteindre 831 000 tonnes dans la seconde phase et 726 000 tonnes en production normale, selon Lithium du Mali, filiale du groupe chinois Ganfeng Lithium, qui a investi près de 500 millions de dollars dans ce projet. Initialement, porté par une joint-venture entre la société australienne Leo Lithium, actionnaire majoritaire et Ganfeng, la mine de Goulamina a vu sa répartition du capital modifiée.
Cette réorganisation a eu lieu suite à l’adoption par les autorités maliennes d’un nouveau code minier, qui impose à toute exploitation minière une participation de l’État comprise entre 20% et 35%. Pour satisfaire à cette prescription, Leo Lithium a cédé 40% de ses parts à Ganfeng. Du point de vue du Mali, ce changement actionnarial est une opportunité économique de choix, car selon des estimations rendues publiques en mai dernier, la mine pourrait rapporter à l’État entre 110 et 115 milliards de FCFA par an. Qui plus est, 51% des marchés de sous-traitance devraient être réservés à des entreprises maliennes, et constituer un chiffre d’affaires annuel de 250 milliards de FCFA pour renforcer l’économie locale.
D’après un rapport de S&P Global Market Intelligence, en novembre, sur une vingtaine de projets de lithium en développement en Afrique, au moins sept devraient entrer en production d’ici 2027. Cinq d’entre eux sont détenus par des entreprises investi principalement avec des capitaux chinois, représentant environ 71 % des nouvelles capacités de production du continent. Selon cette dynamique d’exploitation par la Chine, l’Afrique devrait devenir le troisième fournisseur mondial de lithium d’ici 2027, après l’Australie et l’Amérique du Sud, mais avant l’Amérique du Nord et la Chine.
Les analystes de S&P évaluent que la production de lithium en Afrique, surnommé « métal blanc », devrait augmenter par 24 entre 2022 et 2027, en passant d’environ 11 600 tonnes d’équivalent carbonate de lithium (2 % de la supply mondiale) à plus de 275 000 tonnes (12 % de la supply mondiale).