Le Mali, un acteur majeur de la production d’or en Afrique, a observé une augmentation remarquable de 52,5 % de ses revenus provenant du secteur de l’or en 2024. Selon un rapport du ministère des Mines consulté par Reuters, ces revenus sont passés de 547,6 milliards à 835,1 milliards de francs CFA, soit environ 1,27 milliard d’euros. Cette performance est d’autant plus remarquable qu’elle intervient dans un contexte de réduction de la production industrielle d’or, estimée à -23 % sur la même période.
Un nouveau code minier aux effets déjà visibles
Cette croissance impressionnante s’explique par l’application en 2023 d’un nouveau code minier, qui donne à l’État malien le droit de posséder jusqu’à 30 % des nouvelles exploitations minières. Cette réforme a permis une meilleure fiscalité pour le Trésor public, grâce à une imposition accrue, une meilleure collecte des taxes et une redistribution plus équitable des bénéfices provenant de l’exploitation de l’or.
Barrick Gold : tensions entre un géant minier et l’État malien
Malgré ce bilan positif pour les finances publiques, les relations avec certaines multinationales se sont fortement tendues. Barrick Gold, premier producteur d’or au Mali, a traversé une crise ouverte avec le gouvernement après la saisie de trois tonnes de métal précieux et le blocage de ses exportations. La société canadienne avait temporairement suspendu ses opérations sur le complexe de Loulo-Gounkoto. Même si les discussions ont repris, cette affaire montre la volonté de la junte malienne de renforcer son contrôle sur ses ressources naturelles.
Un contraste avec des acteurs plus conciliants
D’autres compagnies minières, telles que Toubani Resources, ont choisi de se conformer pleinement au nouveau cadre réglementaire. En retour, elles bénéficient d’une certaine stabilité. La licence d’exploitation du projet Kobada a ainsi été renouvelée sans difficulté. Cela montre que l’approche plus stricte du gouvernement malien peut permettre un partenariat équilibré pour les opérateurs qui suivent les règles.
Des perspectives de reprise prudentes pour 2025
Alors que la production a connu une baisse importante en 2024, les prévisions du ministère des Mines tablent sur une reprise progressive en 2025. Cependant, cela dépend d’une reprise rapide des activités de Barrick, qui ne s’est pas encore concrétisée. L’or reste un élément stratégique pour le Mali : il représente 25 % du budget national, 75 % des revenus d’exportation et environ 10 % du PIB. Le renforcement de la souveraineté sur les ressources minières pourrait ainsi remodeler durablement le paysage économique du pays.