Or ivoirien : une production en hausse tire le secteur minier à 1 112 milliards FCFA

Jules Boa
Jules Boa avril 16, 2025
Updated 2025/04/16 at 9:54 AM

Traditionnellement dominée par l’agriculture, en particulier le cacao, la Côte d’Ivoire voit désormais son secteur minier en plein essor. Entre 2018 et 2021, le chiffre d’affaires du secteur minier a bondi de 582 à 1 112 milliards de francs CFA, enregistrant une croissance impressionnante de près de 50 % en seulement trois ans. Cette dynamique est largement portée par l’or, qui représente 80 % de cet essor.

Une ambition tournée vers l’avenir

En 2021, la production d’or atteignait 41,8 tonnes, un record pour le pays. L’objectif est encore plus ambitieux : 65 tonnes d’ici 2025. L’or est au cœur des recherches, représentant 90 % des permis sollicités en Côte d’Ivoire.

Développement des infrastructures minières

À ce jour, six grandes mines industrielles sont en activité, supervisées par des entreprises britanniques, australiennes et canadiennes : Randgold, Perseus Mining, Allied Gold et Endeavour Mining. Trois autres mines sont en cours de construction à Séguéla, Dabakala et Daloa. Parallèlement, de nombreux projets semi-industriels et artisanaux voient le jour dans tout le pays.

La recherche de l’or : un défi permanent

La SODEMI, acteur public de l’exploration minière depuis 1962, parcourt le pays en quête de gisements potentiels. Toutefois, la réussite est incertaine : environ 90 % des projets d’exploration n’aboutissent pas. Certains peuvent mettre plusieurs décennies à se concrétiser.

Les coûts liés à ces recherches sont élevés :

– 10 millions FCFA pour une zone artisanale de 25 hectares
– 500 millions FCFA pour une mine semi-industrielle de 100 hectares
– Plusieurs milliards FCFA pour un site industriel de 150 hectares

Des analyses rigoureuses pour des résultats précis

Chaque année, la SODEMI analyse environ 5 300 échantillons, à 12 000 FCFA l’unité. Les roches sont chauffées à plus de 1 000°C pour en extraire les métaux précieux. Une concentration de 0,3 g/t peut suffire à lancer un projet minier.

L’État supervise le processus à travers divers permis, des études d’impact et des consultations publiques. Un permis d’exploitation, valable 20 ans, coûte 250 000 FCFA/km², accompagné d’une taxe minière de 3 à 6 % du chiffre d’affaires.

L’orpaillage artisanal : entre défis et opportunités

À Dabakala, des coopératives exploitent légalement des mines artisanales. Les mineurs, parfois anciens combattants, extraient jusqu’à 60 grammes d’or par mois, vendu à 16 000 FCFA le gramme, bien en-dessous du prix mondial avoisinant 28 000 FCFA. Les conditions de travail sont rudes, sans matériel de protection et avec une exposition aux produits chimiques dangereux comme le mercure et le cyanure, posant de sérieux risques sanitaires. Malgré ces défis, 400 personnes travaillent chaque jour sur ces sites.

Un apport stratégique pour l’économie ivoirienne

En 2021, le secteur minier représentait 5 % du PIB et générant 140,5 milliards FCFA de recettes fiscales. L’or en est le moteur principal, et l’engouement pour ce métal précieux ne faiblit pas.

Riche en or, nickel, bauxite et manganèse, la Côte d’Ivoire ambitionne une industrialisation accrue grâce à ses ressources naturelles, poursuivant littéralement et figurativement sa quête d’or.

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