La Société nationale des hydrocarbures (SNH) vient d’informer le gouvernement de ce qu’à cause de la chute du prix du baril de brut, qui est consécutive à la pandémie du Coronavirus, elle ne pourra désormais garantir que 30% des recettes initialement prévues dans la loi de finances 2020, souffle une source autorisée au sein de cette société d’État.
En clair, sur la base de cette information transmise au gouvernement par le bras séculier de l’État dans l’exploitation pétro-gazière, l’on s’achemine vers une baisse des recettes pétrolières de l’ordre de 70% au Cameroun, dans le cadre de la loi de Finances rectificative attendue au cours de ce mois de juin 2020.
En effet, même si les recettes pétrolières intègrent l’impôt sur les sociétés pétrolières, qui est directement encaissé par l’administration fiscale, cette taxe n’influence que très peu l’enveloppe globale desdites recettes, compte tenu de la part largement plus importante de la redevance SNH. Celle-ci englobe les revenus issus des exportations du pétrole brut et du gaz produit localement.
Concrètement, sur les 443 milliards de FCFA de recettes pétrolières budgétisées dans la loi de finances 2020, votée par le Parlement en novembre 2019, le Cameroun pourrait finalement n’enregistrer qu’autour de 130 milliards de FCFA de recettes sur ce poste, sous réserve des derniers arbitrages en cours dans les instances gouvernementales. Au regard de la conjoncture, cette baisse des recettes pétrolières était attendue par les autorités publiques camerounaises.
Coupes budgétaires
« Nous savons déjà que nous avons des conséquences néfastes sur nos budgets. Au niveau du Cameroun, nous avons fait quelques évaluations qui méritent encore d’être affinées. Si je prends le cas du pétrole, nous avons fait notre loi de Finances 2020 sur une hypothèse d’un baril à 54,4 dollars. Là, nous sommes à moins de 30 dollars. Vous comprenez que la conséquence est immédiate », avait déjà indiqué Louis Paul Motaze, le ministre des Finances (Minfi). C’était le 28 mars 2020 dans la capitale congolaise, au cours de la 3e session extraordinaire du Comité de pilotage du Programme des réformes économiques et financières de la Cemac.
Mais, le ministre Motaze s’attendait-il seulement à ce niveau de dégringolade des recettes pétrolières ? Il faut dire ces prévisions de la SNH paraissent trop pessimistes. Car les prix du pétrole ont repris une courbe ascendante et approchent progressivement les 40 dollars le baril.
En tout cas, le collectif budgétaire (loi de finances rectificative) 2020, pour lequel une ordonnance présidentielle devrait être rendue publique avant le début des travaux à l’Assemblée nationale le 10 juin 2020, ne révélera pas seulement une baisse des recettes pétrolières. Il consacrera également une réduction tout aussi drastique des recettes fiscalo-douanières, en raison du ralentissement de l’activité économique dans le pays depuis la confirmation du premier cas de Covid-19, le 6 mars 2020.
En toute logique, cette baisse des recettes publiques induira inéluctablement des coupes claires dans les budgets initiaux des différentes administrations, avec un impact sur l’investissement public dans le pays au cours de l’année 2020 courante.
Brice R. Mbodiam
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