Grâce à ses riches réserves offshore prometteuses et stratégique en Afrique de l’Ouest, la Côte d’Ivoire suscite l’intérêt de nombreux acteurs internationaux du secteur pétrolier. Du forage à l’exportation, en passant par le raffinage et la négociation, les collaborations façonnent le paysage énergétique ivoirien. Ce rapport et cette infographie d’Énergia Africa mettent en lumière les principaux partenaires commerciaux du pays dans le domaine pétrolier, avec des enjeux économiques, géopolitiques et sociaux significatifs.
ENI, un nouvel acteur majeur en eaux profondes
Depuis 2021, ENI a eu un impact majeur sur le secteur pétrolier ivoirien. Avec la découverte du champ Baleine, qui renferme plus de 2 milliards de barils de pétrole brut et 2 400 milliards de pieds cubes de gaz, le groupe italien a ravivé l’espoir d’une production nationale renforcée. La production précoce de Baleine a commencé en 2023, une réalisation impressionnante atteinte en moins de deux ans, un record en Afrique. En 2024, ENI a également annoncé la découverte du champ Calao, renforçant ainsi son emprise sur l’offshore profond ivoirien.
PETROCI, un partenaire étatique essentiel
La Société Nationale d’Opérations Pétrolières de la Côte d’Ivoire (PETROCI Holding) joue un rôle central dans la plupart des blocs attribués. En tant que bras technique et stratégique de l’État, PETROCI participe à des coentreprises, perçoit des redevances et assure la protection des intérêts nationaux dans les projets d’exploration et de production.
TotalEnergies, entre héritage et nouvel élan
Active depuis les débuts de l’exploration pétrolière en Côte d’Ivoire, TotalEnergies reste un acteur majeur, même si elle a été moins dynamique qu’ENI ces dernières années. La grande entreprise française maintient une forte présence dans la distribution (stations-service) et détient des intérêts dans certains blocs pétroliers.
Foxtrot International : le gaz, au cœur de la transition énergétique
En charge d’une large part de la production de gaz naturel en Côte d’Ivoire, Foxtrot joue un rôle crucial dans l’approvisionnement des centrales à gaz. Opérant sur le bloc CI-27, il fournit directement des producteurs d’électricité comme Ciprel ou Azito, contribuant à la stabilité énergétique du pays.
Trading : Vitol et Trafigura en position dominante
Dans le domaine du négoce de brut, Vitol et Trafigura sont les leaders sur le marché ivoirien. Ces entreprises achètent, transportent et revendent le pétrole brut ivoirien à l’international, tout en finançant parfois des projets d’infrastructure via des mécanismes d’avance sur production.
Un secteur énergétique en évolution
La Côte d’Ivoire aspire à devenir un centre énergétique régional. Le développement de son bassin sédimentaire (77 blocs identifiés, dont une trentaine encore disponibles), l’amélioration du cadre contractuel et l’arrivée de nouveaux acteurs (notamment chinois, canadiens et africains) ouvrent la voie à une diversification des partenariats.
Défis : transparence, redistribution et industrialisation
Malgré une trajectoire prometteuse, plusieurs défis demeurent. L’opacité de certains contrats, les retombées limitées pour la communauté locale dans les premières phases des projets, et l’absence d’une véritable politique d’industrialisation pétrochimique freinent les ambitions. L’ITIE-CI, les acteurs de la société civile et les journalistes spécialisés réclament plus de transparence sur les revenus, les redevances et la contribution réelle du secteur au budget national.
Le réseau de partenaires pétroliers de la Côte d’Ivoire est aujourd’hui centré sur quelques grands noms, mais évolue constamment. Le défi pour la Côte d’Ivoire sera de transformer sa richesse pétrolière en un levier de développement industriel durable, en s’appuyant sur des partenariats équilibrés et une gestion transparente.