COP28 : l’Irak veut produire son pétrole en réduisant le grand gâchis du gaz brûlé

Jules Boa
Jules Boa décembre 5, 2023
Updated 2023/12/05 at 9:53 AM

Le gouvernement irakien se lance dans le mécanisme des crédits carbone pour réduire la pollution liée au torchage du gaz et valoriser l’énergie perdue.

Depuis de nombreuses années, l’Irak est connu pour ses longues flammes qui sortent des champs de gaz et de pétrole. Lorsque le pétrole est extrait, il dégage du gaz qui monte à la surface. Le pays du Golfe traite seulement la moitié du gaz produit par ses champs pétroliers chaque jour.  Le reste est systématiquement brûlé avec des torchères sans aucune utilisation d’énergie.

En l’absence d’infrastructures de traitement et de transport telles qu’un gazoduc ou des unités de liquéfaction, cette technique connue sous le nom de torchage du gaz est principalement utilisée.  En plus de constituer un véritable gâchis (Bagdad importe beaucoup de gaz iranien), c’est une pratique extrêmement polluante. La Banque mondiale rapporte que l’Irak a brûlé 17,9 milliards de mètres cubes de gaz en 2022, ce qui le place au deuxième rang des sources d’émissions de carbone du pays, après le pétrole.  Le gaz brut est moins coûteux que de le traiter pour le commercialiser.  L’Irak va utiliser pour la première fois les mécanismes des crédits carbone pour financer ces infrastructures critiques.

La société chinoise EBS Petroleum est chargée de construire une infrastructure capable de traiter jusqu’à 34.000 mètres cubes par jour sur un champ pétrolier à l’est de Bagdad.

Ce projet inaugure une série d’initiatives visant à réduire les émissions et à préserver l’environnement, conformément aux engagements pris par l’Irak. Il est prévu que le ministère de l’Environnement les finance grâce à l’utilisation d’obligations carbone. Le 1er décembre, le premier ministre Mohammed Shia al-Sudani a annoncé la création d’une société publique pour « l’économie du carbone ». En décembre 2021, le ministre du Pétrole Ihsan Ismail a annoncé que les autorités souhaitaient réduire la pratique du torchage du gaz de 90 % d’ici 2024.

Les représentants irakiens ont déclaré lors de la COP27 l’année dernière que Bagdad envisageait d’arrêter le torchage du gaz au cours des prochaines années en concluant des contrats avec des sociétés internationales.  En juillet, le ministre du Pétrole a conclu un contrat majeur de 10 milliards de dollars avec la multinationale TotalEnergies, fondée en Irak en 1924, après de longues négociations. Le contrat prévoit notamment la construction d’une unité de traitement du gaz issu du torchage sur trois champs pétroliers.

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