Seyi Willoughby, consultante et experte financière d’origine nigériane, partage sans filtre son parcours hors du commun, des débuts en biochimie à la finance stratégique en passant par le secteur de l’énergie. Dans cet entretien inspirant, elle revient sur ses défis, ses choix audacieux et son engagement à faire de la finance un levier de transformation en Afrique.
ENERGIA : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Seyi Willoughby :
Je suis Seyi Willoughby, professionnelle de la finance et consultante en affaires, née et élevée dans la ville vibrante de Lagos le cœur commercial du Nigeria. Lagos est une ville qui ne dort jamais, où ambition, résilience et innovation se rencontrent chaque jour. C’est cette énergie dynamique qui a façonné ma vision de la vie et ma trajectoire professionnelle.
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ENERGIA : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?Seyi Willoughby : ENERGIA : Quels ont été les moments clés qui vous ont menée à vous spécialiser dans la finance et le secteur de l’énergie ?Seyi Willoughby : ENERGIA : Quels ont été les plus grands défis rencontrés dans ce secteur, et comment les avez-vous surmontés ?Seyi Willoughby : ENERGIA : En tant qu’Africaine, vous avez une connaissance approfondie du contexte africain. Comment cette expérience influence-t-elle votre approche des projets énergétiques, notamment en ce qui concerne les défis et opportunités spécifiques au continent ?Seyi Willoughby : ENERGIA : Selon vous, quelles sont les meilleures stratégies pour attirer les investissements dans le secteur énergétique africain ?Seyi Willoughby : ENERGIA : Quels sont les principaux défis financiers auxquels sont confrontés les projets énergétiques en Afrique ?Seyi Willoughby : ENERGIA : Avec la montée en puissance des énergies renouvelables, comment les entreprises du secteur de l’énergie peuvent-elles adapter leur modèle économique pour rester compétitives ?Seyi Willoughby : ENERGIA : Quels sont les principaux facteurs à considérer lors d’un investissement dans les projets d’énergies renouvelables en Afrique, et quels sont les risques spécifiques à ce type d’investissement ?Seyi Willoughby : ENERGIA : Quelles sont les opportunités d’investissement les plus prometteuses dans le secteur de l’énergie en Afrique ?Seyi Willoughby : ENERGIA : Quel rôle les institutions financières internationales devraient-elles jouer dans la promotion de la transition énergétique en Afrique ?Seyi Willoughby : ENERGIA : Quel est votre point de vue sur l’équilibre entre les énergies fossiles et renouvelables dans la transition énergétique africaine ?Seyi Willoughby : ENERGIA : Quelles politiques publiques devraient être mises en œuvre pour encourager davantage l’investissement dans les énergies vertes ?Seyi Willoughby : ENERGIA : Pensez-vous que l’Afrique a les moyens d’atteindre l’indépendance énergétique d’ici 2050 ?Seyi Willoughby : ENERGIA : Un dernier mot pour nos lecteurs…Seyi Willoughby :
Dès mon plus jeune âge, j’étais fascinée par le fonctionnement des systèmes comment les défis peuvent être décomposés et transformés en opportunités. Cette curiosité m’a conduite vers la finance, un domaine où la réflexion stratégique, la collaboration et l’impact se rejoignent. Au cours des deux dernières décennies, j’ai travaillé dans le conseil et les services financiers, en comblant le fossé entre les entreprises et les opportunités de croissance et de durabilité.
Ma carrière a débuté au Nigeria, dans l’écosystème en constante évolution du conseil et des services financiers. J’ai vite compris que réussir en finance ne se résumait pas aux chiffres , il s’agissait de personnes, de partenariats et de but. J’ai eu le privilège de collaborer aussi bien avec des multinationales qu’avec des entreprises locales, en aidant à structurer des accords, développer de nouveaux produits et favoriser des partenariats profitables. Ces expériences ont renforcé ma compréhension des subtilités de l’écosystème financier africain et ont consolidé mon engagement à faire de la finance une force positive.
Un des chapitres les plus marquants de ma carrière fut mon passage à Guaranty Trust Bank, une institution financière panafricaine de premier plan. C’était un environnement exigeant, rapide et intense où l’excellence n’était pas une option, elle était attendue. Il fallait être vif, stratégique et toujours dix pas en avance car sinon, quelqu’un d’autre prendrait votre place. C’est là que j’ai véritablement fait mes armes dans la banque et que j’ai maîtrisé l’art de structurer des accords, atténuer les risques et négocier des transactions complexes. Il ne s’agissait pas seulement d’ambition , il s’agissait de précision, de résilience et de but. Comme on disait à GTBank, « tu dois avoir le feu au ventre », car l’environnement n’exigeait rien de moins. Plus que tout, GTBank m’a appris le professionnalisme et m’a permis de développer une éthique de travail solide avec un profond sens des responsabilités. J’ai appris à m’imposer car dans ce monde, on n’attendait pas les opportunités, on les créait.
Aujourd’hui, je canalise ces expériences à travers Elm Park Advisors Limited, mon cabinet de conseil financier. Nous servons de pont entre les partenaires de financement et les entreprises en quête de capitaux, en veillant à ce qu’elles disposent des services financiers nécessaires à leur croissance. Au-delà des tableaux Excel et des pitch decks, je siège également au conseil d’administration d’une institution financière non bancaire, où je préside le comité Finance, Audit et Risques.
La philanthropie est une autre pierre angulaire de ma vie. À travers SACTS (Sponsor a Child Through School), je soutiens les enfants défavorisés au Nigeria en leur offrant des bourses académiques. Je contribue également à l’inclusion financière via la fondation Aziza Development, axée sur l’autonomisation des femmes entrepreneures nano et micro. Par ailleurs, je siège au comité consultatif nigérian de l’Association of Chartered Certified Accountants (ACCA), où j’aide à façonner l’avenir de la profession.
L’éducation a toujours été une force motrice pour moi. Les paroles de mon père résonnent encore : « Le seul héritage que je peux te laisser et qu’on ne pourra jamais t’enlever, c’est l’éducation. » Cette philosophie a nourri mon parcours d’apprentissage tout au long de la vie de ma licence en biochimie à la Lagos State University à un Executive MBA à l’INSEAD en France. J’ai aussi approfondi mes compétences à travers des programmes exécutifs à UC Berkeley Haas et à la Lagos Business School. Je suis Fellow de l’ACCA (UK) et de l’Institute of Credit Administration (FICA), entre autres affiliations professionnelles.
En dehors du travail, j’ai une passion pour les voyages, la lecture et l’organisation d’événements mémorables. Et bien sûr, je suis une fan inconditionnelle de Manchester United !
ENERGIA : Quels ont été les moments clés qui vous ont menée à vous spécialiser dans la finance et le secteur de l’énergie ?
Seyi Willoughby :
C’est une question qu’on me pose souvent : « Comment êtes-vous passée des sciences cliniques à la finance ? »
Mes études en biochimie m’ont ouvert les yeux sur la puissance de la pensée analytique et de la résolution de problèmes, m’apprenant que même la plus petite molécule pouvait détenir la clé de systèmes complexes. À l’époque, je pensais que ma voie était tracée dans les sciences, espérant poursuivre un master en biotechnologie. Mais la vie m’a conduite dans une direction inattendue, et profondément épanouissante.
Le virage a commencé en début de carrière, lorsque j’ai constaté l’impact profond de la finance sur tous les aspects de la vie, de la santé à l’infrastructure. J’ai compris que derrière chaque innovation, il y avait souvent une structure financière qui la rendait possible. L’argent n’était pas juste une ligne sur un bilan c’était une force invisible qui façonnait les industries, les communautés et les économies. Cette révélation a éveillé une curiosité irrésistible, et j’ai décidé de bifurquer vers le conseil et les services financiers. Armée de mon esprit analytique et de mon attention aux détails, je me suis plongée dans la modélisation financière, la gestion des risques et la structuration d’accords. J’y ai trouvé ma passion.
Le vrai déclic s’est produit durant mon passage à Guaranty Trust Bank. Impliquée dans le secteur énergétique, j’ai vu comment l’accès au capital ou son absence pouvait transformer ou freiner des communautés entières. L’énergie n’était pas juste un secteur, c’était le cœur des économies émergentes, avec le pouvoir de changer des vies. Mais les défis étaient nombreux : manque de financement, infrastructures sous-développées… Je voulais faire partie de la solution.
C’est là que j’ai compris le potentiel immense de la finance pour combler le fossé entre ambition et réalité, surtout dans le paysage énergétique africain. Structurer et mobiliser des capitaux pour des projets transformateurs est devenu plus qu’une compétence un appel. Je travaille aujourd’hui sur des projets nécessitant créativité, innovation et adaptation, avec une seule priorité : trouver des solutions aussi dynamiques que les défis.
À travers Elm Park Advisors, je me consacre désormais à la recherche de financements alternatifs pour les projets d’énergie et d’infrastructure à travers l’Afrique. Mon objectif est de libérer le potentiel du continent grâce à des conseils financiers adaptés et des solutions concrètes. Pour moi, l’énergie n’est pas une ressource comme une autre c’est un droit fondamental pour chaque Africain.
Avec le recul, mon parcours peut sembler atypique de la biochimie à la finance, puis à l’énergie mais chaque étape a été une progression naturelle. Mes compétences scientifiques ont jeté les bases de mon expertise financière. Mon immersion dans l’énergie a renforcé mon engagement pour un avenir où les économies africaines prospèrent, grâce à l’innovation, à des infrastructures solides et à un accès au capital.
Chaque projet que je structure, chaque conseil que je donne, chaque solution que je propose est animé par cette conviction : la finance peut être un levier de transformation, capable de changer non seulement des industries, mais des vies.
ENERGIA : Quels ont été les plus grands défis rencontrés dans ce secteur, et comment les avez-vous surmontés ?
Seyi Willoughby :
Les défis sont inévitables, et comme l’a dit Margaret Thatcher : « Il faut parfois livrer plusieurs batailles pour gagner une guerre. » Cette philosophie m’a guidée tout au long de ma carrière.
Lorsque j’ai été nommée Group Head du Midstream Energy à la banque, j’ai vite compris que j’entrais dans ce que beaucoup appellent un “boys club”. Mon prédécesseur était un homme, la direction de la division Oil & Gas aussi. La majorité des clients étaient des hommes habitués à traiter avec leurs pairs. Je savais que je devais travailler deux fois plus pas juste pour le respect, mais pour prouver que j’avais ma place à la table.
Je me souviens d’une réunion où, en tant que cheffe du groupe, un client a souri et dit : « Une si jeune femme à ce poste… J’espère que vous saurez gérer nos dossiers. » Je suis restée calme et j’ai répondu : « Enchantée, monsieur. Votre demande est exactement dans nos cordes. » À mesure que la discussion avançait, j’ai vu son regard changer. À mi-parcours, il s’est arrêté : « Je vous ai sous-estimée. Vous avez une vraie maîtrise du secteur bancaire et de l’énergie je vous présente mes excuses. » Ce moment m’a confirmé une chose : la connaissance est une arme. À chaque rendez-vous, j’étais prête pas seulement sur la finance, mais sur l’énergie, les tendances du marché, la concurrence et les besoins du client. Quand vous apportez une valeur incontestable, les préjugés s’effacent.
Un autre défi : convaincre des clients multinationaux habitués aux grandes banques internationales. Plutôt que d’accepter le rejet, j’ai identifié ce qui leur manquait : quelles douleurs n’étaient pas prises en compte ? J’ai conçu des solutions ciblées, activé mon réseau pour accéder aux décideurs. Il me suffisait d’une seule opportunité pour prouver que travailler avec nous était dans leur intérêt. Je n’ai jamais joué la carte du genre j’ai joué la carte de la valeur. Et cela a tout changé.
Voici quelques leçons clés que je partage, notamment avec les femmes du secteur :
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Soyez ultra préparée : Maîtrisez votre secteur, vos clients, vos concurrents. L’expertise fait taire les préjugés.
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Exposez-vous aux opportunités : Acceptez les missions visibles, les projets difficiles. C’est là que la croissance se fait.
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Cultivez des relations solides : En finance, les réseaux font la différence. Soyez stratégique, mais sincère.
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Jouez la carte de la valeur, pas du genre : Montrez votre impact, les résultats parleront pour vous.
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Affirmez-vous avec confiance : Prenez votre place, faites entendre votre voix.
Pour les femmes dans cette industrie, le chemin est exigeant, mais les récompenses sont immenses. Ce qu’il faut, c’est de la résilience, de la préparation et un engagement sans faille pour l’excellence. Car chaque barrière brisée ouvre la voie à la prochaine génération de femmes leaders.
ENERGIA : En tant qu’Africaine, vous avez une connaissance approfondie du contexte africain. Comment cette expérience influence-t-elle votre approche des projets énergétiques, notamment en ce qui concerne les défis et opportunités spécifiques au continent ?
Seyi Willoughby :
L’Afrique est un continent au potentiel immense, doté de talents variés. Elle abrite d’abondantes ressources minérales encore inexploitées, enfouies dans son sol et ses eaux. Ce n’est pas un marché unique, mais un patchwork de nations diverses, chacune présentant des opportunités et des défis uniques. À l’image d’un joyau caché attendant d’être pleinement révélé, l’Afrique est un « diamant brut » qui ne demande qu’à libérer son potentiel au milieu de son enchevêtrement complexe de défis, de subtilités et de luttes. Pourtant, cette promesse gigantesque est souvent assombrie par des problèmes systémiques tels que les lacunes en matière de financement, les inégalités d’accès à l’énergie et les déficits d’infrastructures.
Le secteur énergétique africain déborde d’opportunités, stimulé par l’urbanisation, la croissance démographique et une demande en constante augmentation en énergie, alors que le continent cherche à combler le fossé de l’accès à l’électricité. Toutefois, libérer tout le potentiel africain nécessite de naviguer à travers un réseau complexe de contextes politiques, d’environnements réglementaires, de politiques macroéconomiques, de dynamiques entre parties prenantes et de contraintes d’infrastructure. Pour moi, ces défis sont des occasions d’innover, de favoriser la collaboration intersectorielle et régionale, et de créer des solutions résilientes qui répondent à la fois aux besoins des investisseurs et des communautés. Cela exige une compréhension fine des subtilités du continent, ainsi que des approches innovantes pour transformer ces défis en opportunités de croissance transformative.
La croissance des économies africaines repose en grande partie sur son secteur énergétique et s’appuie sur des piliers essentiels : l’innovation, des infrastructures solides, l’adaptabilité et, de manière cruciale, l’accès au capital. Nous faisons souvent face à d’énormes défis pour financer les projets énergétiques et d’infrastructure en Afrique, car les lacunes structurelles et les marchés fragmentés rendent souvent les modèles de financement traditionnels inadaptés.
Au cours de ma carrière, en fournissant des conseils financiers et des financements aux entreprises opérant dans les chaînes de valeur en amont et intermédiaire du secteur de l’énergie, j’ai rapidement compris que le paysage énergétique africain possède ses propres spécificités. Chaque projet requiert une compréhension approfondie du contexte local ses populations, ses politiques, ses priorités et ses réglementations. J’ai appris que le succès réside dans l’adaptabilité : tirer parti de structures de financement alternatives et de partenariats innovants qui correspondent aux réalités du continent. Mon approche a toujours été de considérer ces défis non comme des obstacles, mais comme des opportunités de créativité et d’innovation. Être capable d’intégrer ces éléments dans la structuration du financement peut aider à libérer le vaste potentiel énergétique de l’Afrique et créer un impact transformateur sur un continent où l’énergie ne doit pas être un simple produit de base, mais un droit accessible à tous.
ENERGIA : Selon vous, quelles sont les meilleures stratégies pour attirer les investissements dans le secteur énergétique africain ?
Seyi Willoughby :
Attirer des investissements dans le secteur énergétique africain nécessite une approche multidimensionnelle, qui souligne l’importance de bien comprendre les opportunités spécifiques du continent et de réduire les risques pour renforcer la confiance des investisseurs et attirer des financements durables. Il s’agit de trouver le bon équilibre entre risque et rendement. Voici quelques stratégies concrètes que je considère comme particulièrement efficaces :
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Établir des politiques stables, des cadres réglementaires et juridiques transparents, avec des règles claires en matière de licences, de tarifs et de fiscalité. Cela permet de réduire les incertitudes et d’offrir clarté et stabilité aux investisseurs et promoteurs de projets afin qu’ils prennent des décisions éclairées.
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Corriger les inefficacités structurelles en facilitant l’environnement des affaires et en offrant des incitations comme des exonérations fiscales ou des dispenses de droits de douane, ce qui est essentiel pour instaurer un climat propice aux investissements.
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Utiliser les partenariats public-privé (PPP) ou les modèles de type Build-Operate-Transfer (BOT) pour combler le déficit de financement, en s’appuyant sur l’efficacité, la technologie et le capital du secteur privé pour réduire les risques des projets.
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Adopter des modèles de financement structurés, tels que le financement mixte (« blended finance »), qui combine des fonds publics et privés, tout en mettant en œuvre des stratégies de gestion des risques, comme l’assurance contre les risques politiques, les garanties souveraines, les garanties de crédit ou de risque partiel, afin d’améliorer significativement la bancabilité des projets.
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Établir des partenariats techniques stratégiques et développer des politiques de contenu local pour renforcer les capacités et assurer la durabilité à long terme.
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Construire des infrastructures énergétiques robustes et encourager la collaboration entre les réseaux électriques régionaux peut également renforcer la confiance des investisseurs.
ENERGIA : Quels sont les principaux défis financiers auxquels sont confrontés les projets énergétiques en Afrique ?
Seyi Willoughby :
Le secteur de l’énergie en Afrique est confronté à une large gamme de défis financiers qui freinent son développement et sa montée en échelle. Le plus important d’entre eux, à mon sens, réside dans les lourds investissements initiaux nécessaires pour développer les infrastructures énergétiques, associés à un accès limité à des financements abordables, ainsi qu’à des périodes de retour sur investissement étendues qui découragent les investisseurs privés, généralement en quête de rendements rapides.
Par ailleurs, les risques perçus instabilité politique, lacunes réglementaires, incertitudes sur les flux de revenus et volatilité des devises rendent le continent moins attractif pour les bailleurs de fonds internationaux, qui préfèrent souvent investir dans des juridictions plus stables.
L’absence d’options de financement local reste un problème majeur, la plupart des banques étant réticentes à financer des projets d’infrastructure à long terme. De plus, un marché des capitaux sous-développé, aggravé par le manque d’instruments de réduction des risques tels que les garanties et les assurances, accentue le déficit de financement. En conséquence, de nombreux projets restent bloqués à l’étape de faisabilité, et selon les données disponibles, seulement 15 % atteignent la clôture financière.
La combinaison de politiques et de réglementations gouvernementales incohérentes ajoute une couche supplémentaire d’incertitude pour les investisseurs, qui ne peuvent alors pas établir de plans à long terme. Bien que la mise en place d’infrastructures partagées ou de projets transfrontaliers offre un potentiel considérable, la fragmentation des marchés et les tensions géopolitiques sur le continent compliquent souvent leur financement et leur mise en œuvre.
La collaboration public-privé reste insuffisante, marquée par des partenariats faibles et un manque de capacités pour le développement en amont, ce qui limite l’émergence de projets bancables.
Les méthodes de financement traditionnelles s’avèrent souvent inadaptées pour répondre aux défis spécifiques du financement de projets énergétiques en Afrique. Réduire ce déficit de financement ne consiste pas seulement à mobiliser davantage de capitaux : cela exige aussi la mise en place de structures de financement innovantes, de cadres réglementaires robustes, de stratégies efficaces de gestion des risques et le renforcement des partenariats public-privé.
ENERGIA : Avec la montée en puissance des énergies renouvelables, comment les entreprises du secteur de l’énergie peuvent-elles adapter leur modèle économique pour rester compétitives ?
Seyi Willoughby :
Alors que le paysage énergétique mondial connaît une transformation profonde, les modèles économiques traditionnels des compagnies pétrolières et gazières sont soumis à une pression sans précédent. La transition vers un système énergétique à faible émission de carbone impose des changements urgents et fondamentaux dans la manière dont l’énergie est produite, distribuée et consommée.
Cette transition n’est pas seulement une exigence environnementale, mais une nécessité stratégique, qui pousse les entreprises énergétiques à repenser leurs modèles opérationnels pour rester compétitives dans un marché en constante évolution.
Pour maintenir leur pertinence, les entreprises doivent embrasser la diversification, en intégrant des sources d’énergies renouvelables tout en optimisant leurs opérations actuelles d’hydrocarbures afin de minimiser les émissions. Une approche tournée vers l’avenir implique d’investir dans toute la chaîne de valeur énergétique : production d’énergie renouvelable, modernisation des réseaux, technologies numériques telles que l’intelligence artificielle (IA) et l’Internet des objets (IoT) pour la maintenance prédictive et l’amélioration de l’efficacité.
Les technologies de décarbonation, la production et le stockage d’hydrogène, ainsi que les partenariats d’innovation avec des start-ups technologiques peuvent accélérer davantage la transition. Des entreprises comme TotalEnergies, Shell ou encore Seplat se positionnent déjà pour l’avenir en élargissant leurs portefeuilles de gaz naturel et d’énergies renouvelables.
Par ailleurs, développer des solutions hors réseau à grande échelle comme les mini-réseaux solaires dans les zones rurales représente une opportunité de croissance sur les marchés peu desservis. Au-delà de l’infrastructure, les entreprises énergétiques doivent aussi acquérir de nouvelles compétences commerciales et investir dans la requalification de leur personnel afin de tirer pleinement parti des opportunités offertes par la révolution des énergies renouvelables.
S’adapter à cette nouvelle réalité n’est pas simplement un atout stratégique : c’est une condition essentielle de durabilité et de succès à long terme dans le secteur énergétique.
ENERGIA : Quels sont les principaux facteurs à considérer lors d’un investissement dans les projets d’énergies renouvelables en Afrique, et quels sont les risques spécifiques à ce type d’investissement ?
Seyi Willoughby :
À mon avis, investir dans les projets d’énergies renouvelables en Afrique requiert une approche stratégique pour naviguer dans les complexités du marché. Certains facteurs clés doivent être considérés : bien comprendre le cadre réglementaire et politique, sécuriser un financement abordable et à long terme, garantir une demande de marché fiable et des contrats d’achat d’électricité (offtake) afin d’assurer la stabilité des revenus.
Les investisseurs doivent également évaluer la disponibilité des ressources solaires, éoliennes, hydroélectriques ou géothermiques, ainsi que la qualité et la capacité des infrastructures de réseau pour l’intégration. La capacité de la main-d’œuvre locale est également un critère déterminant de viabilité. Il est tout aussi important de sélectionner des technologies éprouvées et évolutives, et de favoriser des partenariats avec des partenaires techniques expérimentés afin d’optimiser l’efficacité opérationnelle.
Un fort accent doit être mis sur la conformité aux normes environnementales, sociales et de gouvernance (ESG), tout en menant une concertation proactive avec les communautés locales, indispensable pour obtenir les autorisations réglementaires et garantir le succès à long terme du projet.
Malgré l’immense potentiel de l’Afrique en matière d’énergies renouvelables, les investisseurs doivent être conscients de certains risques inhérents susceptibles d’affecter la viabilité des projets. L’incertitude réglementaire et politique comme des changements soudains de politique d’incitation ou des retards dans les autorisations peut entraîner une instabilité financière.
La faiblesse des réseaux électriques et les contraintes de transmission peuvent exposer les projets à des risques de limitation (curtailment), tandis que la volatilité des devises peut éroder les rendements lorsque les revenus sont libellés en monnaie locale. L’instabilité financière des compagnies publiques d’électricité représente également un risque de paiement dans le cadre de contrats d’achat d’électricité. L’accès aux droits fonciers peut aussi poser problème dans les régions où les régimes fonciers sont flous ou où la résistance communautaire est forte, d’où l’importance d’un engagement précoce avec les parties prenantes et de solides stratégies d’atténuation des risques.
ENERGIA : Quelles sont les opportunités d’investissement les plus prometteuses dans le secteur de l’énergie en Afrique ?
Seyi Willoughby :
Le paysage du marché énergétique en Afrique offre un large éventail d’opportunités pour les investissements et les partenariats. Ces opportunités sont motivées par les plus de 600 millions de personnes sans accès à l’électricité, la demande énergétique croissante, l’abondance des ressources naturelles, une transition accélérée vers des solutions énergétiques plus propres et une volonté forte de réduire le fossé en matière d’accès à l’énergie.
L’Afrique dispose d’environ 55 % du potentiel mondial en énergies renouvelables, mais ne capte que 2 % des investissements mondiaux.
Les domaines clés d’investissement incluent :
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Le développement et l’expansion des infrastructures de production d’énergies renouvelables à grande échelle
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Les solutions d’énergie décentralisées comme les systèmes hors réseau, les mini-réseaux solaires et les installations photovoltaïques en toiture
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Les projets de transformation du gaz en électricité et les centrales de production d’électricité autonomes
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Les projets d’infrastructure GNL (gaz naturel liquéfié) et les mini-usines de GNL
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Les technologies de cuisson propre
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Les usines de traitement du gaz et les pipelines
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Les infrastructures de transmission et de distribution — comme les réseaux intelligents, les lignes de transport et les projets d’interconnexion
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Les systèmes de stockage d’énergie, les solutions de batteries et leur fabrication
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La production d’hydrogène vert et d’ammoniac
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Les projets de valorisation des déchets en énergie
Parmi ces opportunités, les solutions d’énergie décentralisées sont parmi les plus prometteuses. Par exemple, le Nigeria Electrification Project (NEP), soutenu par la Banque mondiale, a déployé avec succès des mini-réseaux solaires hybrides dans des communautés rurales, améliorant l’accès à une énergie fiable.
Le développement de systèmes de stockage d’énergie et la modernisation des réseaux constituent également des perspectives d’investissement majeures, compte tenu de l’intermittence des énergies renouvelables. Exploiter les abondantes ressources en gaz naturel pour la production d’hydrogène vert et d’ammoniac à usage domestique et à l’exportation peut jouer un rôle transformateur dans l’industrie africaine, comme le démontre le projet Prieska Power Reserve en Afrique du Sud. Ce dernier vise à produire de l’hydrogène vert pour les marchés local et international. Des pays comme la Namibie et l’Égypte développent également des projets d’hydrogène vert à grande échelle en partenariat avec des acteurs internationaux.
Enfin, des projets de valorisation des déchets comme l’usine de biogaz de Ruiru au Kenya ou des initiatives gaz-électricité au Nigeria et au Mozambique contribuent efficacement à combler le fossé entre adoption des renouvelables et sécurité énergétique.
ENERGIA : Quel rôle les institutions financières internationales devraient-elles jouer dans la promotion de la transition énergétique en Afrique ?
Seyi Willoughby :
Les institutions financières internationales (IFI) et les institutions de financement du développement (IFD) jouent un rôle crucial dans la transition énergétique de l’Afrique, en mobilisant des capitaux, en réduisant les risques d’investissement, et en façonnant des politiques favorisant une croissance durable. Elles peuvent contribuer à combler le déficit de financement en structurant les projets via des mécanismes de finance mixte qui combinent capital public et privé, subventions, obligations vertes, financements concessionnels ou co-investissements dans des projets, de manière à rendre ces derniers attractifs pour débloquer des capitaux auprès d’investisseurs privés et commerciaux. La Banque mondiale, l’IFC, la BAD, Africa 50, et British International Investments ont notamment apporté des financements concessionnels pour réduire les coûts de projets d’énergies renouvelables à travers le continent. Le Fonds pour l’énergie durable en Afrique (SEFA) de la BAD offre un financement en phase précoce pour débloquer des investissements privés dans les projets renouvelables. De même, le Fonds InfraVentures de l’IFC soutient le développement de projets dans les pays en développement en partageant les risques avec les investisseurs privés lors des premières étapes.
Les IFD doivent accompagner les gouvernements dans la conception, le développement et la mise en œuvre de cadres réglementaires solides, de politiques et de réformes qui encouragent la participation du secteur privé. Elles peuvent également fournir des outils de mitigation des risques tels que des garanties partielles de risques, des assurances contre les risques politiques et des instruments de couverture contre le risque de change afin de réduire davantage les risques d’investissement et protéger les investisseurs contre les pertes financières. L’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA) de la Banque mondiale, par exemple, joue un rôle clé en assurant les projets contre les risques politiques et réglementaires, augmentant ainsi la confiance des investisseurs dans des marchés marqués par des incertitudes réglementaires. En outre, les IFI soutiennent également l’intégration énergétique régionale en finançant de grands projets d’infrastructures énergétiques transfrontalières comme le West African Power Pool, qui favorise le commerce de l’électricité et la stabilité des réseaux dans plusieurs pays.
Au-delà du financement et de la gestion des risques, les IFD jouent un rôle important en comblant le fossé entre la conceptualisation des projets énergétiques et leur mise en œuvre réussie en Afrique. Cela passe par le financement de l’assistance technique et des programmes de renforcement des capacités, le soutien au développement et à la préparation des projets, ainsi que la réalisation d’études de faisabilité technique et d’évaluations d’impact environnemental pour garantir la bancabilité des projets. Par exemple, des programmes comme le Programme d’assistance à la gestion du secteur de l’énergie (ESMAP) de la Banque mondiale fournissent une assistance technique pour les projets d’accès à l’énergie et de transition énergétique. Le programme Distributed Access to Renewable Energy Scale up (DARES) de 750 millions de dollars, lancé récemment au Nigeria en 2024, prévoit une assistance technique pour le développement des capacités et l’écosystème. Par ailleurs, le programme Scaling Solar de la Banque mondiale a aidé des pays comme la Zambie et le Sénégal à attirer des offres compétitives pour des projets solaires, en proposant des solutions pré-structurées qui réduisent les coûts et délais de préparation. Ces initiatives assurent que les projets sont bien structurés, prêts à l’investissement et alignés avec des objectifs de durabilité à long terme, ce qui accélère la transition énergétique du continent.
L’implication des IFI et IFD dans le secteur énergétique africain est capitale et indispensable car elles garantissent que les projets sont solides, prêts à l’investissement, et conformes aux objectifs durables, ce qui favorise une accélération efficace de la transition énergétique en Afrique.
ENERGIA : Quel est votre point de vue sur l’équilibre entre les énergies fossiles et renouvelables dans la transition énergétique africaine ?
Seyi Willoughby :
L’énergie est le moteur du progrès et la source vitale de la civilisation moderne, stimulant la croissance économique et améliorant la vie partout dans le monde. L’Afrique fait face à une crise énergétique aiguë, avec plus de 600 millions de personnes sans accès à l’électricité et 970 millions sans accès à des combustibles propres pour la cuisson. Alors que la population du continent continue de croître, la demande énergétique dépassera l’offre, rendant une approche stratégique de la transition énergétique essentielle. Je soutiens que notre priorité immédiate doit être l’accès universel à une énergie abordable et fiable. À mon avis, une véritable transition ne peut se faire que depuis une position de disponibilité et de suffisance énergétique sans énergie, il ne peut y avoir de transition.
Comme l’a déclaré l’ancien président Olusegun Obasanjo lors du premier Sommet de l’énergie ouest-africain à Accra : « L’Afrique doit être sans complexe quant à son engagement à développer ses ressources, car nous n’en avons pas encore pleinement tiré profit. » Cette affirmation est très pertinente car nous ne pouvons pas abandonner nos ressources actuelles qui sont nécessaires pour fournir une énergie abordable aux communautés africaines défavorisées.
Je crois fermement que l’Afrique doit exploiter ses ressources fossiles pour combler le déficit d’accès à l’énergie, soutenir l’industrialisation et stimuler la croissance économique, tout en menant une transition énergétique pragmatique. Nous devons adopter une approche équilibrée, qui priorise l’exploitation responsable des réserves dominantes de gaz naturel comme combustible de transition, afin d’atteindre la suffisance et la prospérité énergétique, tout en investissant parallèlement dans les énergies renouvelables et les technologies émergentes comme l’hydrogène vert. La transition énergétique ne doit pas être imposée par des forces extérieures mais doit être façonnée par les réalités uniques de l’Afrique. Chaque pays doit définir sa propre stratégie de transition, en fonction de ses priorités de développement et de ses ressources disponibles.
En fin de compte, un mix énergétique bien structuré doit répondre au triptyque énergétique : équité énergétique (accessibilité et prix abordable), sécurité énergétique (approvisionnement stable et fiable), et durabilité énergétique (impact environnemental à long terme). Il est important de noter que la sécurité énergétique, la sécurité économique et la sécurité globale sont étroitement liées et interdépendantes. Les gouvernements doivent non seulement soutenir le développement des énergies fossiles pour répondre aux besoins immédiats, mais aussi investir stratégiquement dans les infrastructures renouvelables pour garantir un avenir énergétique résilient et durable pour l’Afrique.
ENERGIA : Quelles politiques publiques devraient être mises en œuvre pour encourager davantage l’investissement dans les énergies vertes ?
Seyi Willoughby :
Pour que l’Afrique exploite efficacement le potentiel de ses ressources renouvelables inexploitées, il est nécessaire que les gouvernements africains allègent les lourdeurs administratives, simplifient les cadres réglementaires, et développent des politiques publiques fortes qui créent un environnement favorable à la participation du secteur privé, réduisent les risques d’investissement et assurent la durabilité à long terme. Ces politiques doivent être intégrées dans le système et porter sur la certitude réglementaire, les incitations financières, le développement des infrastructures, ainsi que le soutien institutionnel et le renforcement des capacités.
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Certitude réglementaire et simplification des procédures : Établir des cadres réglementaires transparents et prévisibles qui soutiennent les objectifs de transition énergétique, comprenant des accords d’achat d’électricité (PPA) bien définis, des structures tarifaires claires, et des procédures d’autorisation simplifiées pour réduire les risques d’investissement et les retards bureaucratiques.
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Assistance technique et renforcement des capacités : Mettre en œuvre des politiques nationales et des objectifs à long terme pour l’accès à l’énergie et le déploiement des énergies renouvelables. Les initiatives de renforcement des capacités doivent se concentrer sur les politiques climatiques, la planification des projets et le développement des compétences afin d’assurer une main-d’œuvre qualifiée pour l’économie verte.
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Réduction des risques et soutien à la préparation des projets : Concevoir des processus standardisés d’identification, de préparation et de passation des marchés avec des mesures intégrées de réduction des risques, telles que l’assurance contre les risques politiques, les mécanismes de couverture contre le risque de change, et les garanties souveraines, afin d’attirer les capitaux privés.
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Incitations financières et mécanismes de finance verte : Offrir des incitations fiscales, des financements concessionnels et des subventions à l’énergie propre pour améliorer la viabilité des projets. Les gouvernements doivent aussi promouvoir les obligations vertes, les mécanismes de tarification du carbone et les fonds climatiques pour soutenir les investissements dans les renouvelables.
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Renforcement des institutions financières locales : Consolider la capacité des banques locales et des investisseurs institutionnels à financer les projets renouvelables via des lignes de crédit, des instruments de partage des risques et des incitations politiques facilitant le financement à long terme.
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Développement des infrastructures et modernisation des réseaux : Investir dans l’expansion des réseaux, les infrastructures de transmission et les systèmes énergétiques intelligents pour améliorer l’efficacité énergétique et la flexibilité du système, assurant une intégration fluide des renouvelables dans les réseaux nationaux et régionaux.
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Coordination régionale et renforcement institutionnel – Renforcer les régulateurs régionaux et les opérateurs de systèmes tout en favorisant le commerce transfrontalier d’énergie et la planification collaborative des grands projets d’infrastructures interconnectées pour optimiser l’utilisation des ressources.
En appliquant ces politiques, les gouvernements africains peuvent créer un secteur des énergies vertes prospère qui attire les investissements, accélère l’accès à l’énergie et favorise la croissance économique tout en assurant un avenir énergétique durable et résilient.
ENERGIA : Pensez-vous que l’Afrique a les moyens d’atteindre l’indépendance énergétique d’ici 2050 ?
Seyi Willoughby :
Je crois que ce n’est pas impossible pour l’Afrique d’atteindre l’indépendance énergétique d’ici 2050 et de répondre à sa demande énergétique croissante, compte tenu de ses vastes ressources inexploitées en énergies fossiles (environ 620 trillions de pieds cubes de gaz naturel et 125 milliards de barils de pétrole brut), renouvelables et technologies émergentes comme l’hydrogène vert. Cependant, cela dépendra de la capacité à combler les énormes déficits d’infrastructures, à surmonter les contraintes de financement estimées à environ 100 milliards de dollars annuels, à créer un environnement favorable avec des politiques et cadres réglementaires bien structurés, et à encourager la collaboration régionale.
La clé pour libérer ce potentiel repose sur les gouvernements africains. Nous avons deux choix cruciaux : continuer à être des fournisseurs de ressources énergétiques pour le marché mondial ou prioriser l’utilisation de nos ressources pour alimenter d’abord notre propre industrialisation et croissance. Atteindre la suffisance énergétique exige une approche pragmatique qui utilise le gaz naturel comme combustible de transition tout en intensifiant les investissements dans les renouvelables et les solutions énergétiques décentralisées. Cette stratégie équilibrée est essentielle pour garantir la sécurité, l’équité et la durabilité énergétiques à travers le continent.
Les gouvernements africains doivent créer des environnements réglementaires stables avec des politiques attractives pour les investissements, favoriser l’innovation et développer les économies locales. Une grande partie de la solution repose sur la collaboration régionale, avec des pays travaillant ensemble pour développer des réseaux interconnectés, le commerce transfrontalier d’énergie et des accords régionaux de partage d’électricité qui amélioreront la distribution énergétique. Renforcer les capacités locales de fabrication de panneaux solaires, de stockage par batteries et de production d’hydrogène réduira la dépendance aux importations et stimulera l’industrialisation. Atteindre l’indépendance énergétique ne se limite pas à garder la lumière allumée ou à l’autosuffisance c’est aussi alimenter la croissance industrielle, créer des emplois, libérer la prospérité économique, assurer l’accès universel à une énergie abordable et bâtir une économie énergétique résiliente. Avec les bons investissements et politiques, l’Afrique peut passer d’un continent déficitaire en énergie à un leader mondial des énergies durables d’ici 2050.
ENERGIA : Un dernier mot pour nos lecteurs…
Seyi Willoughby :
L’Afrique n’est pas seulement un risque c’est un marché au potentiel inexploité, de croissance, d’innovation et de résilience.