RDC : l’or de la mine de Kibali enrichit les multinationales étrangères ?

Jules Boa
Jules Boa avril 29, 2025
Updated 2025/04/29 at 10:26 AM

Le sol de la République Démocratique du Congo est d’une richesse éblouissante grâce à sa précieuse ressource, l’or. La mine de Kibali, une des plus grandes d’Afrique, gérée par la société canadienne Barrick Gold et partagée avec AngloGold Ashanti, en symbolise toute la splendeur. Chaque année, des centaines de milliers d’onces d’or, d’une valeur de plusieurs milliards de dollars sur le marché international, y sont extraites. Cependant, derrière l’éclat de ce métal précieux, une question persistante se pose : qui tire véritablement profit de cette incroyable richesse ?

Des chiffres impressionnants… et questionnants

Les statistiques officielles sont parlantes. En 2023, la production de Kibali s’est élevée à environ 763 000 onces d’or. Avec un prix de l’or souvent élevé et fluctuant, les recettes brutes de la mine s’élèvent à des milliards de dollars (potentiellement plus de 1,5 milliard $ selon les indices). Face à de telles sommes faramineuses, certains observateurs jugent les bénéfices directs pour le gouvernement congolais dérisoires, malgré l’existence de redevances. Ainsi, en tenant compte d’un bénéfice brut de 1,4 milliard $ et de redevances à hauteur de 39 millions $ (chiffres parfois cités, nécessitant toutefois une validation précise pour une année donnée), ce revenu ne représenterait qu’environ 2,8 % de la valeur brute extraite.

La RDC, un actionnaire minoritaire de ses propres ressources ?

La structure de possession soulève également des questions. Barrick (Canada) et AngloGold Ashanti (Afrique du Sud/Royaume-Uni) possèdent conjointement 90 % de cette ressource nationale précieuse. L’État congolais, par l’intermédiaire de la société Sokimo, n’en détient que 10 %. Certes, Barrick se défend en mettant en avant son rôle d’exploitant efficace et les investissements réalisés. Toutefois, le fait que 90 % des parts d’une ressource nationale stratégique soient contrôlées par des intérêts étrangers alimente le débat sur la souveraineté économique et une répartition juste des bénéfices tirés du sol congolais.

Au-delà des redevances : le véritable enjeu de l’impact

Les partisans de l’accord actuel argueront que les avantages pour la RDC ne se limitent pas aux redevances. Ils mentionneront les impôts (lorsque les gains sont déclarés après déduction de nombreux coûts), les emplois créés (principalement locaux, mais dans quelles conditions et à quels postes ?) et les investissements communautaires (nécessitant une évaluation continue de leur impact réel et de leur durabilité).

Néanmoins, une question cruciale demeure : ces contributions, si réelles soient-elles, sont-elles proportionnelles à l’immense valeur extraite du territoire congolais ? Contribuent-elles à un développement structurel et durable pour les communautés locales et le pays tout entier, ou servent-elles principalement à légitimer l’exportation massive de richesses ?

Un débat essentiel pour le futur du Congo

La mine de Kibali est indéniablement un moteur économique, mais le partage de ses bénéfices reste un point sensible et crucial. Alors que des milliards de dollars sont générés chaque année, la RDC est-elle adéquatement rétribuée pour l’exploitation de ses ressources non renouvelables ? Il est crucial d’encourager une transparence accrue et un débat public éclairé afin de garantir que l’or congolais profite principalement aux intérêts du peuple congolais. L’éclat de l’or ne doit pas détourner l’attention de la nécessité d’une répartition véritablement équilibrée.

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