Henri SAOUE :  » Notre objectif, c’est d’être pour nos clients le partenaire local pour le succès de leurs opérations »

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Energia-africa février 27, 2022
Updated 2022/02/27 at 11:06 PM

Totalisant 19 ans d’expérience professionnelle dans l’exploration et la production pétrolière, marié et père de 4 enfants, Henri Saoue est le fondateur et le Directeur Général de l’entreprise IVOIRE OILFIELD SERVICES (IVOS) spécialisée dans le traitement des déchets industriels.

1) Vous êtes le Directeur de l’entreprise Ivoire Oilfield Services (IVOS), Quel est votre parcours universitaire et professionnel ?

Merci pour l’occasion que vous me donnez de parler de notre entreprise, Ivoire Oilfield Services (IVOS SARL). Je voudrais, avant tout propos formuler à votre endroit et à toute l’équipe d’ENERGIA AFRICA, mes vœux de bonne santé, de paix, de joie et de réussite pour l’année 2022.

Je me nomme SAOUE Henri. Je suis marié et père de 4 enfants dont 3 filles et un garçon. Je suis chrétien. Ma devise de vie est : »Dieu, la Famille, le Travail ».

 

Je totalise 19 ans d’expérience professionnelle dans l’exploration et la production pétrolière, dont six ans chez Ivoire Oilfield Services (IVOS SARL).Je suis ingénieur des Mines diplômé de l’École Supérieure des Mines et Géologie (ESMG) de l’Institut National Polytechnique Félix Houphouët-Boigny (INP-HB) en 2001. Je fais partie de la deuxième promotion de l’ESMG. J’ai, par la suite, suivi le mastère spécialisé en géostatistique pétrolière à l’École Nationale Supérieure des Mines de Paris (2002-2003). Afin de mieux comprendre la chaine de valeurs dans l’amont pétrolier, j’ai intégré l’année d’après (2003-2004) le mastère spécialisé en Développement et Exploitation des Gisements pétroliers (DEG) à l’École Nationale Supérieure du Pétrole et des Moteurs (ENSPM) de l’Institut Français du Pétrole (IFP-School).

 

A ma sortie de l’IFP-School, j’ai été recruté par la société de services pétroliers Schlumberger en 2004 qui m’a envoyé à Komé au Tchad en qualité d’ingénieur en stimulation des puits de pétrole. J’y suis resté environ une année, puis, je suis rentré en Côte d’Ivoire en fin 2005. En 2006, j’ai fait un bref passage à PETROCI HOLDING en qualité d’Ingénieur au Département Forage et Logistique avant de retourner à l’international avec la société américaine MI SWACO en 2007 en qualité d’Ingénieur Fluides de Forage et de Complétion. En 2009, j’ai été promu Ingénieur Projet en charge des opérations en Côte d’Ivoire et dans certains pays limitrophes à la Côte d’Ivoire au sein de la société MI SWACO. J’ai, par la suite été affecté au Gabon, puis en Angola.

En juillet 2015, à la suite de la crise qui sévissait dans le milieu pétrolier, mon employeur a décidé de se séparer de moi. J’ai profité de cette situation pour me consacrer à plein temps à Ivoire Oilfield Services (IVOS) que j’avais déjà créée en décembre 2014 avec mes deux associés.

Pour la survie de mon entreprise, dans un environnement aussi concurrentiel comme celui du milieu pétrolier, je me devais d’acquérir les armes pouvant me permettre d’être un manager avisé. J’ai ainsi intégré en 2019 l’Advanced Management Programme (AMP) de MDE Business School.

 

2) Comment est née l’idée de créer l’entreprise Ivoire Oilfield Services ? Qu’est-ce qui vous a motivé à emprunter le chemin de l’entrepreneuriat ?

 

J’ai toujours voulu entreprendre. En classe de CM2, à l’âge de 12 ans, j’ai créé avec mon petit frère ma première entreprise de fabrication de briques en géo-béton.

L’idée de créer IVOS est venue en 2008 quand j’étais en poste chez M-I SWACO en Côte d’Ivoire. L’une des spécialités de mon employeur d’alors était le traitement des déchets issus des forages pétroliers. Une fois au cours d’un échange, un collègue nigérian m’a laissé entendre que des sociétés locales nigérianes proposaient dans son pays ce même type de service. Il m’a conseillé de me pencher sur la possibilité de faire de même en Côte d’Ivoire. J’ai donc commencé à réfléchir à cela. En 2010, j’ai tenté de créer Ivoire Waste Mangement Services avec des amis et cela s’est soldé par un échec.

En 2013, en Angola, j’ai fait la rencontre de deux entrepreneurs, l’un était congolais et l’autre angolais. Tous deux étaient des anciens employés de Schlumberger qui s’étaient installés à leur propre compte. Et les choses semblaient bien aller pour eux. Je pense que tout le déclic est parti de cette rencontre. Ils m’ont parlé de leurs débuts chaotiques, de leurs échecs, de leurs recommencements… puis m’ont suggéré de ne pas abandonner mon projet d’entreprendre. Ils m’ont comme fait pousser des ailes. Désormais, j’étais convaincu d’une chose, je devais me lancer.

Chez mon employeur, la crise dans le secteur pétrolier faisait rage. Chaque jour c’était des plans de licenciement. Au départ, je ne me sentais pas concerné. En décembre 2014, avec le soutien de mon épouse, je me suis associé à KONAN Ferdinand, qui était alors cadre à la PETROCI HOLDING, pour créer IVOS. David MIHELIC, le troisième associé, nous a rejoint par la suite quelques mois plus tard. Il était lui en fonction chez Schlumberger en Angola puis au Congo.

Étant tous les trois en fonction, nous avions confié la gestion de l’entreprise à une équipe qui nous rendait compte régulièrement. Je voudrais profiter de cette opportunité, pour leur dire merci de tout cœur. Leur apport nous a été inestimable, surtout que nous n’avions pratiquement pas de ressources financières et matérielles au départ. Mes remerciements s’adressent également à mon équipe actuelle qui fait un travail assez remarquable qui nous a permis de nous positionner sur le plan national et international.

En 2015, j’ai heureusement été atteint par la vague de licenciement. Je suis rentré, et je me suis mis à plein temps au service de l’entreprise IVOS. Un an plus tard, David Mihelic a été également licencié de Schlumberger pour les mêmes raisons que moi. Il a rejoint IVOS à plein temps également. Il est actuellement au Sénégal où il fait un formidable travail pour l’implantation d’IVOS Sénégal.

Les années que mes associés et moi avons passées chez PETROCI HOLDING, MI-SWACO et SCHLUMBERGER ont été très utiles pour nous dans la gestion et la structuration d’IVOS. Vu que nous opérons dans le domaine du pétrole, nous avons transposé la plupart de leurs procédures chez nous.

 

3) Quels sont les services / produits que votre entreprise proposent ?

Nos principaux services comprennent le traitement des déchets, le nettoyage des cuves, la fourniture de matériels industriels spécialisés, le renforcement de capacités dans notre secteur d’expertise ainsi que la réalisation d’études d’ingénierie. Les déchets auxquels nous nous intéressons sont essentiellement industriels .En somme, nous proposons des solutions éco-responsables en matière de gestion des déchets de nos clients. Parce qu’un déchet peut être une matière première pour un autre acteur industriel, nous privilégions l’économie circulaire dans toutes nos démarches de traitement des déchets qui nous sont confiés.

 

 

4) Depuis 2015 IVOS travaille avec de grandes firmes du domaine pétrolier et minier sans oublier le secteur des BTP, Pourquoi voulez-vous développer vos activités dans d’autres pays en Afrique ?

 

Notre ambition est de devenir le leader dans le traitement des déchets industriels dans la sous-région dans les cinq années à venir. Aujourd’hui, nous sommes pleinement installés en Côte d’Ivoire et au Sénégal. Et nous allons continuer à y faire des investissements afin de nous hisser à la première place dans notre domaine de compétence.

Dans ces deux pays, nous disposons de centres de traitement de déchets industriels équipés d’incinérateur haute température et haute capacité avec laveur de fumées. Ces laveurs de fumées permettent de purifier les fumées avant que celles-ci ne soient relâchées dans l’atmosphère. Ces dispositifs sont essentiels pour réduire considérablement l’impact de nos activités sur l’environnement.

Avec une entreprise partenaire, nous sommes en cours d’installation dans un autre pays de l’Afrique de l’Ouest, dont je préfère pour le moment taire le nom pour des raisons stratégiques. Nous avons dans ce pays, obtenu un financement d’une banque locale en vue d’y faciliter notre installation. Les choses avancent plutôt bien, et nous pensons être pleinement opérationnels courant juillet 2022.

 

5) Quels sont vos projets d’investissements court, moyen et long terme ?

 

En Côte d’Ivoire, nos projets d’investissements sont assez nombreux. A court terme, notre objectif est de construire un autre centre de traitement des déchets à Yamoussoukro dans le centre du pays. Cette installation prendra en charge les déchets industriels des zones Centre, Nord et Nord-Ouest de la Côte d’Ivoire. Nous avons aussi pour ambition de traiter, dans ce centre, les déchets industriels issus des pays limitrophes tels que le Mali et le Burkina Faso ainsi que le Niger qui ont une industrie minière en pleine croissance.

Au Sénégal, nous venons de terminer la première phase de notre installation. A moyen terme dans ce pays, nous nous fixons comme objectif d’installer un deuxième incinérateur avec une capacité plus grande afin de répondre à la demande qui est déjà croissante et de nous positionner comme un acteur de premier plan dans le traitement des déchets industriels dans ce pays.

A long terme, il s’agira pour nous d’achever totalement notre installation en cours dans le troisième pays que j’ai mentionné plus haut.

Notre objectif étant d’être dans les cinq années à venir, pour nos clients, le partenaire local pour le succès de leurs opérations.

 

 

6) Quelles sont les contraintes que vous rencontrez dans le cadre de votre développement ?

Comme la plupart des entrepreneurs, nous faisons face à certaines difficultés dans notre quotidien. Les difficultés sont d’abord d’ordre administratif. Il faut passer par des procédures souvent complexes et longues pour l’obtention d’agréments ou d’autorisations d’exercer.

Depuis quelques années, l’on assiste à l’instauration de politiques de contenu local dans le secteur pétrolier en Afrique. La promotion du contenu local ou national, est une très bonne chose pour le développement de l’économie locale par une plus grande réelle participation des entreprises du pays hôte. Toutefois, certaines mesures prises peuvent s’avérer difficiles à mettre en œuvre et constituer ainsi un frein à l’intégration sous régionale. On pourrait à terme, peut-être faire évoluer le concept de contenu local vers celui de contenu sous régional ou régional voire même le contenu africain.

Le principe du contenu local est bon et doit être maintenu, mais aligné avec la liberté d’établissement qui fait l’objet d’un des autres protocoles des organisations sous régionales telles que la CEDEAO ou la Zone de Libre-échange Africaine (ZLECAF). On peut ainsi imaginer de nouvelles manières plus efficaces de l’appliquer, comme l’octroi de minorités de blocage aux partenaires du pays hôte avec obligation, pour ceux qui s’installent, d’effectuer dans une période donnée un vrai transfert de compétences.

L’autre difficulté est d’ordre financière. Pendant les premières années d’existence d’IVOS, aucune institution financière n’a voulu nous faire confiance en apportant le financement nécessaire aux investissements et à notre fonctionnement. Toutefois, depuis bientôt deux ans, vu notre sérieux dans le travail et la résilience de notre jeune entreprise, deux banques ont décidé de nous accompagner en Côte d’Ivoire et au Sénégal. Et cela se passe plutôt bien.

Pour les entreprises qui démarrent, il est quasiment impossible de fournir les garanties que demandent les banques. C’est peut-être le nœud de leurs difficultés. Comme solution, nous préconiserons que des fonds de garantie pour le développement de l’entreprenariat soient mis en place au niveau étatique ou même sous-régional. Une fois en place, ces fonds doivent être vulgarisés afin de les rendre plus accessibles. En ce qui concerne les banques commerciales traditionnelles, il est aussi peut-être temps qu’elles assouplissent, sans compromettre leur existence, leurs conditions d’accompagnement des PME. Le développement de nos États africains se fera par un secteur privé actif dont la démarche entrepreneuriale pourrait être soutenue.

Enfin, il y a la pression fiscale. Une entreprise ne commence véritablement à décoller qu’après ses deux premières années d’existence. Il serait bon de réduire voire d’annuler les charges fiscales des entreprises sur cette période. De toutes les façons, ce que les États auront perdu comme impôts ces deux premières années, pourraient être rattrapé lorsque l’entreprise commencera à décoller au travers des emplois qu’elle aura créés et le développement qu’elle aura ainsi apporté. Cet effort fiscal serait la part de l’État dans le développement des investissements et de l’éclosion des champions locaux.

 

7) Et pour terminer, sur quoi repose le succès de votre entreprise ?

Il serait un peu trop tôt pour parler de succès. Nous n’avons que six ans d’existence et nous sommes toujours en marche vers le succès que nous apercevons la lueur au bout du chemin. Il est vrai que quand nous regardons cinq ans en arrière, beaucoup de choses ont été faites depuis le jour zéro jusqu’à maintenant. Cependant, quand nous nous projetons quinze ou vingt ans en avant, nous réalisons qu’il nous reste encore beaucoup à faire. Toutefois, nous sommes très reconnaissants à Dieu pour le chemin parcouru jusqu’ici et pour les exploits accomplis avec Lui. Car personne au départ ne croyait en notre projet.

Ce que nous avons été capable de réaliser pendant ces années d’existence a été possible grâce à Dieu, qui ouvre un chemin là où tout semble fermé et la combinaison de plusieurs facteurs dont les hommes et femmes qui nous ont fait confiance en adhérant pleinement à notre projet. Ces personnes sont une vraie richesse et bénédiction que Dieu place sur notre chemin pour aller de l’avant. Nous partageons avec eux la vision et les valeurs de la famille IVOS. Au sein de notre équipe, nous mettons tout en œuvre pour que règne l’amitié, la convivialité, la confiance, le respect mutuel et le professionnalisme.

Nous mettons également un accent très particulier sur la formation de nos collaborateurs. Pour chaque profil, nous avons un plan de formation.

Embrasser l’entreprenariat nécessite également une adhésion totale de la famille de l’entrepreneur. En ce qui nous concerne, mes deux associés et moi, nos épouses et nos enfants nous sont d’un très grand soutien. Dans les moments difficiles, ils sont là.

Je ne pourrai terminer sans évoquer le rôle déterminant des autorités administratives des pays où nous sommes installés. Celles-ci ont toujours été disponibles et ne manquent aucune occasion pour faire la promotion des investisseurs locaux que nous sommes.

 

For your operations, think IVOS, your local partner for success!

 

 

Par Aissata Kouyaté

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