Ingénieure géomécanique de nationalité ivoirienne, Annick Adjei totalise 9 ans d’expérience dans la compagnie Baker Hughes , l’un des leaders mondiaux dans la fourniture de systèmes , technologies ,produits et services pétroliers de l’industrie du pétrole et du gaz. Mariée et mère de deux enfants, Annick totalise 5 ans d’expérience en tant qu’Etudiant Chercheur à Penn State University aux Etats-Unis.
1) Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je suis Mme Annick Adjei. Je suis Ingénieure Géomécanique travaillant pour la compagnie de services pétroliers BAKER HUGHES. J’accumule à mon actif 9 ans d’expérience en industrie et 5 ans d’expérience en tant qu’Etudiant-chercheur à Penn State University aux États-Unis. Je suis diplômée de L’École Centrale (NANTES). J’ai également obtenu un M. Sc. et un PhD en Ingénierie Pétrolière de Penn State University. Je suis mariée et mère de deux
enfants.
2) L’industrie extractive peut –elle contribuer à l’autonomisation de la femme ?
Je suis de la ferme opinion que l’industrie extractive peut impacter l’autonomisation de la femme de façon très significative. En effet, l’industrie extractive a longtemps été dominée par la gent masculine, dû au fait que les métiers de cette industrie sont souvent à hauts risques (physiquement exigeants et bien souvent localisés dans des zones où les conditions d’accès, l’environnement et le climat peuvent être considérés comme difficiles). Cependant, de plus en plus de femmes s’aventurent dans ce secteur et ont démontré leur capacité d’adaptation aux métiers de terrain. Plusieurs
femmes sont aujourd’hui CEO et même country manager de compagnies pétrolières. Je pense par exemple à Mme Kadidjah Amoah, CEO de Aker Energy au Ghana. L’industrie extractive est très vaste et beaucoup d’efforts sont en trains d’être faits pour réduire le « gender gap » qui sont à encourager. Si les jeunes filles ont les capacités intellectuelles et techniques requises, la force de caractère ainsi que les capacités de leadership adéquates, qu’elles
n’hésitent surtout pas à intégrer ce secteur.
3) Depuis quelques années, vous travaillez au sein de l’une des plus grandes compagnies pétrolières au monde, quels ont été vos atouts pour intégrer BAKER HUGUES ?
J’ai eu la chance d’intégrer BAKER HUGHES, directement après mes études de doctorat, suite à un stage d’immersion en entreprise. Je pense que les critères qui ont joué en ma faveur ont été mes diplômes (comme je l’ai indiqué auparavant je suis titulaire d’un MSc. et d’un PhD en ingénierie Pétrolière) ainsi que la cote de popularité de Penn State. Il faut savoir qu’aux Etats Unis, la plupart des compagnies pétrolières recrutent sur la base du diplôme, de l’expérience professionnelle, mais aussi de l’ALMA MATER des candidats. Il en est de même pour les trois grands acteurs du secteur des services Pétroliers : Schlumberger, Haliburton et Baker Hughes. Penn State est mondialement reconnue pour ses programmes en Ingénierie pétrolière. Je peux citer également UT Austin, Texas
A&M, Colorado School of Mines, Louisiana State University, Oklahoma State University, etc.
4) On remarque de plus en plus que des entreprises pétrolières optent pour une transition énergétique, peut-on dire que les femmes ont un rôle à jouer dans la mise en place de ce processus?
En effet, la transition énergétique est actuellement très en vogue dans l’industrie pétrolière. Nous savons tous que plusieurs études présentent les énergies fossiles comme l’une des causes principales du réchauffement climatique. De ce fait, les entreprises pétrolières ont une responsabilité importante dans l’atténuation de ce phénomène. D’ailleurs, plusieurs entreprises ont amorcé une politique de « rebranding » pour démontrer leur engagement pour les accords de Paris, comme par exemple Equinor, BP, Chevron, Total Energies et même Baker Hughes. Des mesures strictes sur les rapports d’émissions de gaz à effets de serre sont en place, afin que plusieurs autres stratégies visant à minimiser la contribution du secteur énergétique. Je pense que les capacités naturelles des femmes pour l’organisation, le management et la discipline peuvent être un atout pour ce nouveau défi que le secteur doit relever.
5) Selon vous, comment s’y prendre pour arriver à combler l’égalité du genre dans le paysage Africain des Hydrocarbures et des Mines?
Je pense que nous avons besoin d’une volonté politique forte pour réussir à combler l’égalité des genres dans le secteur pétrolier et minier en Afrique. Nos gouvernements doivent mettre en place des programmes permettant d’identifier des talents féminins du secteur et de les accompagner dans leur parcours professionnel. Il faudrait imposer des quotas aux entreprises pour faire en sorte que sur un poste sur deux, une femme soit recrutée. Il faudrait
pousser l’enveloppe un peu plus loin et imposer également une plus grande visibilité féminine dans les domaines techniques du secteur. Finalement, je pense qu’il appartient aussi aux entreprises de faire l’effort de promouvoir l’industrie dans nos collèges et lycées, surtout au niveau de jeunes filles à travers l’organisation de séminaires, de conférences, de journées d’immersion en entreprises, à travers l’octroi de bourses d’études dans le secteur pétrolier
et gazier.
6) Une lecture / un film / une citation / une œuvre d’art inspirante que vous aimeriez partager.
L’une de mes citations préférées est cette dernière de Martin Luther King :
“If you can’t fly then run, if you can’t run then walk, if you can’t walk then crawl, but whatever you do you
have to keep moving forward.” La vie n’est pas un long fleuve tranquille. Elle est pleine de péripéties. Cette phrase m’a énormément motivée à certains moments de ma vie, parce qu’elle vous invite à ne jamais abandonner. Quelques soient les difficultés que vous pourrez rencontrer dans votre parcours, il y aura toujours une chose que vous pourrez continuer de faire, il y aura toujours quelque chose de positif que vous pourrez en tirer. Quand une porte se ferme, commencer à chercher la fenêtre.
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